Rencontre avec un ancien maire de la commune

Inauguration du lac de Peyrot

Inauguration du lac de Peyrot

Cette personne est née le 27/10/1922 à Vielle Soubiran dans le canton de Roquefort de parents agriculteurs.

Son père, ancien poilu de la guerre 14 – 18 avec une moustache comme on portait à l’époque était très dur. L’enfant avait un caractère plutôt rebelle, mais son père, avec une autorité naturelle bien prononcée, a surveillé ses études primaires de très près. Sa mère et sa sœur complétaient la famille. Il a obtenu son certificat d’étude avec la mention « bien » puis est parti en 5ème à Eauze dans un collège dirigé par des prêtres jusqu’au bac qu’il a obtenu.

Son enfance et son adolescence malgré l’autorité paternelle omniprésente  s’est déroulée dans un entourage plutôt confortable. En effet, ses parents agriculteurs possédaient des forêts de pins et 7 ou 8 hectares de terre travaillée avec un cheval de labour. A cette époque, ce type d’exploitation agricole était suffisant pour vivre correctement notamment avec la coupe de pins lorsque cela était nécessaire.

 

Cet homme est aujourd’hui, doyen de notre village. Après ces années plutôt heureuses, l’épreuve de la seconde guerre mondiale est arrivée alors qu’il avait 17 ans. Le « sinistre Laval » a décidé d’envoyer tous les jeunes de la classe 1942 au service du travail obligatoire (STO). Comme il n’y avait pas encore d’ilots de résistance dans le secteur, il est donc parti en 1942 en Allemagne dans des wagons de voyageurs avec pour terminus l’Autriche et la ville de Vienne (pour l’anecdote, le retour fut moins confortable puisque fait en wagons à bestiaux). Après un apprentissage dans un atelier, à limer des bouts de fer, il fut nommé fraiseur à l’usine « Flug Motor Entwerke ». Cette usine faisait travailler 20000 ouvriers et les allemands ne pouvaient pas contrôler tout le monde. Sa façon de résister a été de « tirer au flan comme un français sait le faire ». En effet, la machine sur laquelle il travaillait possédait 2 vitesses. Après avoir été contrôlé au départ, le contremaître ne connaissant pas bien le fonctionnement de la fraise, il continua à travailler en petite vitesse pour faire le moins de pièces possibles. La deuxième façon de résister a été également d’apprendre leur langue. Ceci lui a permis de lire le journal et de se tenir au courant des évènements extérieurs. C’est grâce à cela qu’il apprit que les russes étaient proches. Il proposa donc à ses 10 camarades de chambrée, tous français, de partir avec lui avant l’arrivée des russes. Un seul le suivit. L’évasion réussit, et il était de retour dans son foyer le 14/5/1945 en poussant « un gros soupir de soulagement » en ouvrant la porte de sa chambre. Ses autres camarades de chambrée qui ne l’avaient pas suivi furent libérés par les russes et rentrèrent en France par Odessa en Octobre ou Novembre 1945, soit 6 mois plus tard, ayant tout perdu puisque les libérateurs russes leur avaient tout pris.

 

Après des études brillantes pour l’époque, tout le monde ne pouvait pas se targuer d’avoir obtenu le baccalauréat puis deux années et demi difficiles en déportation en Autriche, ce jeune homme avait besoin de souffler. Il demanda donc à son père une année de réflexion ce qui lui permit de bourlinguer à gauche à droite (Pau, Mont de Marsan, …).

Durant cette année sabbatique, il eut l’occasion de passer par Maurrin où vivait seule sa grand-mère maternelle qui avait une exploitation agricole (principalement des vignes sur 5 hectares en face de la maison familiale actuelle). En effet son fils Roger RECHEDE qui vivait avec elle avant la guerre avait été tué en 1940.

A la fin de l’année de réflexion, il retourna voir son père pour lui indiquer sa décision, il voulait être agriculteur, pas avec lui mais à Maurrin. La nouvelle fût un peu difficile à digérer.

Outre la vigne, il avait besoin de champs et décida de faire défricher un bois de pin sans rien dire à personne d’où le courroux de son père. Il fût exploitant agricole de 1947 à 1972 année où ses 2 fils Pierre et Henri purent à leur tour voler de leurs propres ailes en reprenant l’exploitation. Il fut le premier  sur Maurrin à planter du maïs hybride « le IOWA 44 17 » qui lui permit de doubler les rendements. En 1972, tout en gardant un œil sur l’exploitation, il partit travailler, pendant 15 ans, à GROUPAMA.

Parallèlement à sa vie professionnelle, il s’est également engagé dans la vie publique. Fernand St SEVIN, son voisin, maire de l’époque, grand père de Marie France St SEVIN est venu le voir en 1953 pour entrer au conseil municipal. Après réflexion, il accepta la proposition et se présenta sur la liste « Socialiste » à condition qu’il ajoute « et Défense des Intérêts Communaux ». Il fit 2 mandats en tant que conseiller, finissant ce 2ème mandat comme adjoint au décès de Fernand St SEVIN, Armand TACHON (père de Daniel TACHON) étant élu maire pour terminer le mandat.

Il fut élu maire de Maurrin en 1965 et ensuite élu à 3 reprises jusqu’en 1989 soit une vie publique en tant qu’élu de 36 ans dont 4 mandats de maire. Il accomplit « cette tâche avec passion, sa porte était toujours ouverte et il essaya d’améliorer la situation de Maurrin durant toutes ces années ».

Son œuvre principale est l’irrigation. En effet, les années sèches, on ne récoltait pas beaucoup de maïs. Comment est née l’idée du lac de Maurrin ? Son épouse Simone était propriétaire de terres sur la commune de Bordères. En 1971, une réunion a été organisée dans cette commune pour irriguer les champs des agriculteurs de Bordères avec l’eau de l’Adour. Présent à cette réunion et après avoir entendu les techniciens, il prit la parole en tant que maire de Maurrin pour demander s’il était possible d’irriguer les terres de sa commune à partir de l’Adour ? La réponse fut négative, on ne pouvait pas amener l’eau de l’Adour au-delà de 1 km à 1,5 km rive gauche et rive droite. Ne lâchant pas l’affaire, il prit rendez-vous avec ces mêmes techniciens pour venir voir directement à Maurrin ce qu’il était possible de faire. Quelques temps plus tard, des échantillons furent prélevés sur le site actuel du lac et du côté de Pujo le Plan. Le Site du lac fut retenu du fait de la composition du sous-sol. Le terrain étant maintenant trouvé, un nouvel obstacle se présentait à lui, en effet, les terrains servant à l’assiette du lac appartenaient à 22 propriétaires différents, il fallait donc l’accord de tous pour pouvoir finaliser le projet, le refus d’un seul le faisait capoter. Il  a donc été trouver le directeur de la SAFER de l’époque qui a mis 3 ans pour recueillir tous les accords. Certains ont accepté de vendre, d’autres ont voulu procéder à des échanges. Au bout de ces 3 ans, la commune a pu racheter ces terrains à la SAFER.

Ce projet a couté 8 millions de francs (très cher pour l’époque  - 1,220 millions d’euros).

Des aides ont pu être trouvées :

  • 60% de subventions pour le foncier, la digue, le pompage
  • 40% de subventions pour le matériel mobile

Le reste a été emprunté sur 20 ans.

Le projet a été initié en 1971, la première campagne d’arrosage s’est déroulée en 1979 et l’inauguration a été faite le 22/09/1979 en présence des personnalités de l’époque.

Pour les agriculteurs de la commune, il a sauvé à cette époque l’agriculture maurrinoise.

Une ASA (Associations Syndicale Autorisée) a été créée pour la gestion de ce lac principalement destiné à l’arrosage. Il en a été nommé président à sa création et a passé le flambeau à son fils Pierre en 2013.

 

Le deuxième projet important qu’il a porté a été la construction de la salle des fêtes. En effet, jeune maire, pour pouvoir suivre les travaux au plus près, il n’a pas fait de maïs en 1965. L’inauguration a été faite le 1/5/1966.

Il eut aussi un rôle important au niveau associatif puisqu’il a été à l’origine de l’ASM en 1953, club dont il fut le président pendant plusieurs années. Il a été également membre du bureau de l’ACCA jusqu’à il y a très peu de temps.

 

A la fin de sa vie municipale et de sa vie professionnelle, il a pris un bain de jouvence puisqu’il est parti  à la faculté de Bordeaux III pendant 2 ans pour se perfectionner en allemand.

Le 1er contact avec ses camarades de faculté fut particulier puisqu’il était le seul sexagénaire au milieu de jeunes de 18 – 20 ans. Le tutoiement s’installa tout de suite et il fut très bien accepté durant ces 2 années d’études.

Sa famille est elle aussi importante avec Simone son épouse, ses 5 enfants et ses petits enfants  dont il est fier et qui, malgré leurs vies plus ou moins loin  du cocon familial, sont présents aussi souvent que possible pour l’entourer.

Aujourd’hui, ses centres d’intérêts sont :

  • Le sport à la télé (rugby, football, …)
  • La lecture (revue « Etude », …)
  • L’allemand (il est en train de traduire les « 100 jours de Napoléon »)
  • Le vélo d’appartement, environ 30 minutes par jour pour continuer à s’entretenir et remplacer la marche qu’il ne peut plus faire.

 

Si vous ne l’avez pas encore reconnu, malgré les indices présents çà et là, cette personnalité du village de Maurrin est André COSTES. Nous tenons à le remercier très chaleureusement pour sa réception, sa disponibilité et le fait d’avoir dévoilé une partie de sa vie que sûrement beaucoup d’entre nous ne connaissions pas.

Nous lui souhaitons longue vie et beaucoup de santé.